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  • Photo du rédacteurFabien Delforge

Vivre en Centre d’Hébergement d’Urgence pendant le confinement

L’AMSAM s’occupe de 5 Centres d’Hébergement d’Urgence qui hébergent des personnes orientées via le SIAO/115 (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) du département de l’Aisne. Peggy Servain est éducatrice spécialisée au Centre d’Hébergement d’Urgence « Le Clovis », situé à Soissons. Elle nous explique comment les structures se sont adaptées à la crise sanitaire.


(Peggy Servain en entretien avec un résident du Centre d'Hébergement d'Urgence Le Clovis).


Quel est le rôle d'une éducatrice spécialisée en Centre d'Hébergement d'Urgence ?

Les Centres d’Hébergement d’Urgence ont trois missions principales qui consistent à héberger (la mise à l’abri), à accueillir (assurer les besoins élémentaires des personnes hébergées), et à accompagner (évaluer les situations et proposer une orientation adaptée en fonction de chaque profil). Les éducateurs spécialisés doivent répondre à ces trois critères. Nous accueillons des personnes seules et des familles issues de tout horizon. Même si l’hébergement d’urgence est temporaire, les personnes peuvent rester jusqu’à ce qu’une réponse adaptée leur soit proposée. C’est le principe de continuité. Nous les accompagnons au quotidien ce qui nous permet de réaliser une évaluation en fonction de leurs besoins, de leurs attentes, et de leurs problématiques. Nous tentons de les aider du mieux possible, qu’il s’agisse de les accompagner pour les courses, de les aider à aménager leur chambre ou pour les tâches administratives par exemple.


Dans votre métier, le contact avec les résidents est primordial. Comment avez-vous gardé le lien malgré la crise sanitaire et les confinements successifs ?

Depuis le début de la crise sanitaire, le contact n’a jamais été rompu avec les résidents car il n’y a jamais eu de cessation d’activité dans les Centres d'Hébergement d'Urgence. A l’occasion des deux confinements, les éducateurs spécialisés de l’AMSAM sont restés mobilisés. Nous avons été contraints de nous adapter à la situation, notre fonctionnement en a été quelque peu bouleversé. Ainsi certaines activités ont été suspendues (repas mensuels, réunions avec les usagers, annulation des sorties de groupe comme le cinéma, les airs de jeux et l'organisation des goûters par exemple). Aujourd’hui, tous les résidents et les éducateurs spécialisés disposent de masques et de gel hydroalcoolique. Néanmoins, nous restons au contact des résidents tout en respectant les gestes barrières.


Comment réagissent les résidents face au confinement ?

Le confinement est difficile, voire anxiogène pour certains résidents. Il n’est pas toujours facile de faire respecter la règle d’interdiction de sortir. Ici au CHU « Le Clovis », nous avons un jardin, ce qui permet malgré tout de prendre l’air, de se changer les idées. Globalement, ces confinements nous amènent à un constat : aucun des résidents n’a été infecté par la covid-19. Nous pouvons supposer que c’est leur isolement social, familial qui en est l’explication. Les seules relations qu’ils entretiennent sont avec nous et avec les autres résidents, personne d’autre. Ils ne voient que très peu de monde à l’extérieur, voire pas du tout. Pour la plupart, le réseau familial ou amical est inexistant.


Ce deuxième confinement a-t-il un impact différent par rapport au premier ?

Ce deuxième confinement est différent sans doute parce qu'il est moins brutal que le premier. Cette fois, les institutions et les services publics sont ouverts. Les enfants qui sont accueillis dans les Centres d’Hébergement d’Urgence continuent d’aller à l’école par exemple. Nous pouvons nous appuyer sur notre réseau, nos partenaires sans problème car l’activité continue. Le premier confinement a été plus difficile, plus éprouvant car les usagers avaient le sentiment que leur situation n’évoluait pas. Nous avions enregistré moins d’accueils et avons procédé à moins de départs suite à la fermeture de certaines institutions. Nous avons été contraints de trouver des solutions afin d’assurer les besoins alimentaires des résidents (cf. Article “L’AMSAM engagée dans la collecte de denrées alimentaires”, ndlr), ou d’accompagner les familles pour assurer les devoirs à la maison...

Nous avons pu compter sur l’appui de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale qui a fourni des masques pour les professionnels et les usagers et a répondu aux besoins alimentaires des usagers par la distribution de chèques alimentaires.


Propos recueillis le jeudi 19 novembre 2020.

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